Dans une scène florale, l’une des composantes est la couleur. C’est la première des notions perçues, de laquelle émanera la découverte ou l’ignorance de la composition florale présentée, selon que la couleur aura ou non attiré l’œil du passant, suscitant ainsi intérêt ou indifférence. De l’équilibre et de l’harmonie des couleurs pourra naître une foultitude de sentiments : de la sérénité à la passion, de la fraîcheur apaisante à la chaleur réconfortante… la couleur fait vivre nos émotions, nous fait vibrer.
Attention !!! trop de couleurs tue la couleur !
Aussi, pour parvenir à l’harmonie, le concepteur devra faire des choix, de même qu’un peintre sur sa palette face à la toile ! Tout d’abord, il devra définir sa gamme de couleurs selon le site ; toutes les teintes ne s’adaptent pas n’importe où : à Angers où le tuffeau et l’ardoise sont les matériaux dominants, l’utilisation du jaune sur le tuffeau ne donnerait pas un résultat spectaculaire, de même que l’emploi de couleurs sombres, éteintes, sur un appui de schiste ardoisier. Ensuite, en fonction de l’exposition où sera installée la présentation, il faut encore choisir une gamme d’intensité des coloris, susceptibles de jouer avec la luminosité du lieu. Sommes-nous en situation ombragée, en plein soleil, en ombre intense ou en lumière tamisée, autant de situations où il faudra jouer avec les coloris clairs, les vifs, les intermédiaires… N’oublions pas non plus d’étudier le cadre où prendra place cette scène fleurie. Nous nous trouvons dans un parc, un jardin ; il y a sûrement des végétaux pérennes susceptibles d’apporter leur contribution florale conjointement à notre présentation : harmonisons l’ensemble ! Nous sommes sur voie publique ; là, le mobilier urbain, ici, une devanture colorée de magasin, ailleurs, ce sont les couleurs des sols, et par ici des matériaux de construction et des éléments architecturaux ; autant de contraintes qu’il faudra intégrer dans la recherche de l’harmonie, simplement pour le plaisir des yeux.Le triangle des couleurs
La couleur peut se décliner sous plusieurs critères :
- couleur chaude ou couleur froide,
- couleur primaire ou complémentaire,
- degré d’intensité : plus ou moins de lumière, de couleur réfléchie,
- saturation : pureté du coloris,
- densité : effet de masse.
L’utilisation de la couleur, doit se faire dans la sobriété. Pour cela le concepteur peut s’appuyer sur quelques outils simples. Le premier de ces outils est le “Triangle des couleurs” qui rappelle les notions de base : couleurs primaires et couleurs complémentaires. Ce triangle va permettre de faire des choix simples de composition :
- Une couleur, primaire ou complémentaire, déclinée en camaïeux (dégradé dans l’intensité).
- Une couleur primaire associée à sa complémentaire : Jaune …… Violet Bleu…… Orange Rouge …… Vert
- Deux couleurs primaires ou deux couleurs complémentaires ensemble mais en prenant grand soin d’opposer les intensités ainsi que d’utiliser deux densités différentes. Dans le positionnement des couleurs, le rouge occupe une place particulière sur le “sommet haut” du triangle. En effet, le rouge pur, le rouge vrai, ne se rencontre que rarement, dans l’univers floral.Souvent, dans les variétés d’usage courant, le rouge va contenir soit une pointe de jaune soit une pointe de bleu. Il faudra tenir compte de cette “nuance” lors des associations et des accords de tonalités.L'étoile des couleurs
Pour des associations plus complexes, pour l’étude des nuances, pour équilibrer les intensités, le deuxième outil est l’étoile des couleurs utilisée par les coloristes, les ensembliers. D’autre part, apparaissent dans ces outils, les blancs, les gris, les pourpres foncés, qui sont très utiles pour apporter une tempérance dans les compositions.
- Les blancs et les gris adoucissent les contrastes, éclairent les compositions, soutiennent les coloris profonds, facilitent les transitions délicates.
- Les pourpres diminuent la luminosité, valorisent les tons pastels. De même que pour le rouge, le gris offre des nuances avec lesquelles le concepteur pourra jouer. Les gris sont apportés par les feuillages essentiellement : du gris blanc au gris argent brillant ou mat, le gris vert, le gris bleu… Autant de notes pour faire chanter la scène florale ! Le créateur, le compositeur devra ensuite entamer les variations sur la gamme des intensités, des saturations, des densités de manière à apporter légèreté et harmonie dans sa composition. Le jardinier adaptera sa création aux angles et à la vitesse de perception, selon le public auquel elle est destinée.