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Réfléchir avant d’aménager

10/02/2025
Envisager la réalisation d’un aménagement urbain ou paysager, c’est s’impliquer avec beaucoup de volonté et d’énergie dans un projet. Cette décision est lourde d’engagements : elle suppose l’engagement de fonds importants pour la collectivité, et peut-être la gestion d’un endettement. Par ailleurs, elle intègre des choix importants et essentiels pour l’avenir de cet équipement en termes d’usage, de fonctionnement, d’entretien donc de pérennité.
Réfléchir avant d’aménager
Poussé par l’envie de réaliser dans les meilleurs délais cet aménagement, il ne faut toutefois pas aller trop vite et réfléchir à la pertinence du projet :
• s’inscrit-il dans la perspective de l’intérêt général ?
• est-il réalisable sur le plan financier ?
• est-il faisable techniquement ?
• quels sont les besoins en matière d’usage (repos, promenade, intérêt botanique, aires de jeux, place, animations …) ?
• quels sont les moyens financiers, humains, et techniques que l’on affectera à court, moyen et long terme à son entretien ? il faut répondre aux questions suivantes : qui veut quoi ? pour qui ? pour quoi ?

Prendre le temps de la réflexion, voire de la consultation

Même si cette consultation est fastidieuse, elle est essentielle pour la vie et le devenir de l’espace. En prenant en compte les exigences de chacun, on peut ainsi intégrer, dès la phase de réflexion et de conception du projet, la polyvalence des besoins et la pertinence des équipements envisagés. Il est essentiel de bien percevoir les besoins des usagers, car le plus important est de satisfaire les attentes des uns et des autres (enfants, parents, sportifs, forains…), pour éviter de futurs dysfonctionnements, tout en maîtrisant les budgets. A ce titre, consulter tous les professionnels concernés par le projet (urbanistes, programmistes, architectes, paysagistes…) est une composante essentielle à la réussite du projet car toute réflexion sur le paysage et la végétalisation d’un espace doit précéder toute réalisation. Les réflexions des architectes-paysagistes, des usagers, des services municipaux (service espaces verts, service voirie, service culture…) en charge de ces espaces… apporteront divers regards ou interrogations qui permettront d’intégrer l’ensemble des besoins et des problématiques dès la conception. Il est important que ces besoins s’expriment, qu’ils soient analysés pour améliorer l’idée initiale. Cela exige certes du temps, mais ce temps préalable à la conception et à la réalisation de l’aménagement urbain est primordial pour bien asseoir ces choix, et réaliser un investissement pérenne et pertinent. Il faut prendre le temps car il faut inscrire ses choix dans la durée car la ville va évoluer, tout comme les habitants et leurs besoins. Puis il faut confronter ces besoins et les lieux disponibles et leurs potentiels et/ ou contraintes :
• caractéristiques géographiques et climatiques (topographie, hydrologie,…)
• qualités urbaines et paysagères, nature du voisinage, liaisons entre quartiers,
• le potentiel d’évolution du site,
• les autres projets urbains prévus à proximité,
• les risques (innondations, installations classées…)
• le style et le caractère architectural du patrimoine bâti ou végétal de proximité.
L’aménagement s’inscrit dans le paysage existant et contribue à l’amélioration générale du cadre de vie, comme ici à Echirolles.

Maîtrises les dépenses et ne pas les sous-estimer

Il ne faut jamais sous-estimer ce temps de réflexion car il permet d’affiner, de préciser le projet et que tout projet pour être viable doit trouver son financement (création et entretien). Tout projet d’investissement ne saurait ignorer ou minorer les budgets de fonctionnement nécessaires qu’il faut engager sur de nombreuses années. En effet, un projet d’aménagement urbain ou paysager est un projet qui intègre des éléments vivants (arbres, arbustes…) qui vont évoluer dans le temps, se développer et exiger des opérations d’entretien (taille, élagage…) qui seront indispensables pour assurer la pérennité de ce patrimoine, notamment végétal. Légitimement soucieux des dépenses qu’il engage au nom de la collectivité et de ses administrés, l’élu doit maîtriser les dépenses et établir un budget cohérent avec les capacités de financement et les besoins de la commune. L’approche financière ne doit pas se réduire au seul coût des travaux. A titre prévisionnel, il faut appréhender toutes les dépenses :
• frais d’acquisition du foncier par exemple,
• frais d’études et d’analyses (sols, réseaux, ….),
• coûts des travaux et actualisation des prix… Cette enveloppe financière prévisionnelle permettra d’avoir une réelle visibilité sur le coût global de l’opération. Ne pas prendre en compte la réalité des coûts (en les sous-estimant par exemple) est une erreur qui est néfaste au projet car elle induit des tensions entre l’architecte-paysagiste, les entreprises et le maître d’ouvrage qui peut aller jusqu’à remettre en cause le projet.

Concevoir un espace facile à entretenir

Un aménagement paysager vit et évolue au fil du temps et des années (arbres centenaires…) Une fois livré, l’aménagement va vivre et évoluer en fonction de conditions climatiques, économiques et devra être préservé et entretenu. Les conditions de sa gestion (conditions d’accès, accueil, services…) et de son entretien (tonte, élagage, curage des fossés, entretien et gestion du mobilier urbain et des équipements de jeux, propreté…) doivent être prises en compte dès l’origine. Il faut veiller à ce que les choix techniques soient en accord avec les capacités humaines et matérielles qui pourront être effectivement mises en oeuvre ultérieurement, et qui sont indispensables à l’exploitation et à l’entretien de cet aménagement, donc à sa qualité et à sa durabilité !

Prendre en compte les dimensions urbaines, patrimoniales et paysagères

Par ailleurs, chaque projet est spécifique et peut difficilement s’inspirer d’une autre réalisation (topographie, qualité des sous-sols et des sols, intégration dans le paysage existant…). Un aménagement urbain et/ou paysager s’inscrit dans un paysage existant (urbain, historique, architectural…) et doit contribuer à l’amélioration générale du cadre de vie. Cet aménagement viendra enrichir le patrimoine existant, il doit s’intégrer dans une stratégie globale à moyen et long terme d’aménagement de la ville. La mise en place d’une véritable gestion patrimoniale est aussi essentielle pour piloter les opérations d’entretien et de maintenance de l’équipement, en régie directe ou par délégation. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que cet aménagement s’inscrira pour de nombreuses années dans le cadre urbain existant. En effet, cet aménagement paysager aura un impact réel et certain dans l’espace urbain et son proche environnement (commerces, logements, circulations et stationnements….). Un nouvel équipement modifie en effet la géographie des lieux et a des conséquences diverses sur le fonctionnement du quartier (circulations, animations, fréquentations…). Par ailleurs, le parc, le jardin ou la place rénovée est à la fois une signature dans la ville. C’est pour cela que certaines grandes villes s’attachent les services d’architectes paysagistes renommés ! C’est aussi parfois une symbolique qui pourra servir de support de communication et de promotion (comme l’est déjà le concours national des villes et villages fleuris) pour les communes qui cherchent à se valoriser par leur patrimoine et la qualité de leur cadre de vie auprès des investisseurs, des habitants et/ou des touristes.
Préalablement à la conception et à la réalisation de l’aménagement, il est primordial de prendre en compte le contexte existant ainsi que les attentes des différents usagers.

Ne pas céder aux modes, ni aux tendances

Cela est essentiel dans ce type d’aménagement car un aménagement urbain ou paysager évolue et doit perdurer pour plusieurs dizaines d’années ! En effet, un espace urbain et paysager s’inscrit dans le temps et il évoluera avec le temps. Résister aux modes, voire aux excentricités de certains, c’est à la fois respecter :
• un patrimoine, son terroir, sa région et son identité locale,
• les hommes, ceux qui l’ont conçus, ceux qui l’entretiennent, ceux qui l’utilisent,
• les finances publiques et les critères de saine gestion municipale.
Cela n’empêche aucunement d’innover mais les aménagements contemporains doivent s’inscrire dans la qualité et la durabilité. Il faut construire, aménager et planter ces espaces en respectant le site (climat, exposition, nature des sols, choix et provenance des matériaux…).
Une fois livré, l’aménagement évolue en fonction de conditions climatiques, économiques, et devra être préservé et entretenu.

Intégrer les enjeux du développement durable

C’est-à-dire “répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs”. Entre pression médiatique, sensibilisation de la population et phénomènes de mode, les maîtres d’ouvrage doivent, de plus en plus, intégrer dans la conception, la réalisation et l’entretien de leur projet paysager, les notions de développement durable. Ces aménagements urbains et/ou paysagers doivent s’intégrer dans la trame urbaine, créer des liaisons (trames vertes, trames bleues, corridors écologiques…). Cette question environnementale est sérieuse et là encore, il ne faut pas céder aux modes (O phyto). Il faut être conscient des impacts et surtout des apports environnementaux de cet aménagement paysager (filtration de l’air, gestion de l’eau, régulation du climat (ombre des arbres, présence de pelouses), Il s’agit de rechercher le meilleur compromis entre les contraintes techniques du site (sols, matériaux….) et le respect de l’environnement (économies d’eau, choix des végétaux, choix et provenance des matériaux (mobilier, jeux, pavages…). Il existe plusieurs solutions techniques, certaines sont réellement moins impactantes sur l’environnement. Il faut pouvoir intégrer ces enjeux du développement durable aux besoins et aux objectifs du projet. Il est aussi important pour créer des espaces partagés par tous, d’intégrer, dès la conception ou le réaménagement d’un espace, les règles d’accessibilité pour les personnes handicapées (cheminement, franchissement des dénivellations, espacement des mobiliers, information, sécurité)… Prendre en compte tous ses paramètres (qualité des investissements, méthodes et moyens d’entretien, respect de l’environnement, accessibilité au plus grand nombre dont les personnes handicapées…), c’est aujourd’hui se donner les moyens de réussir un projet, de l’inscrire dans le temps et de créer des espaces urbains partagés par tous.

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