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Bien jouer pour bien grandir

12/02/2025
À la fois espaces de rencontres, d'échanges, de jeux et de dépassement de soi, l'aire de jeux est le lieu de tous les possibles pour les enfants, dès le plus jeune âge. Le jeu est primordial dans le développement de l'enfant qu'il soit moteur, psychologique ou social. Dans ce sens, les collectivités ont un rôle à jouer en proposant des aires de jeux adaptées facilement accessibles, quelle que soit la tranche d'âge. Nadine Seyfried est consultante et spécialiste dans la conception, l'aménagement et le diagnostic des aires de jeux. Elle revient sur la nécessité et la fonction du jeu chez les plus jeunes.
Bien jouer pour bien grandir

Quelle est la fonction du jeu ?

Pour les enfants, le jeu est essentiel à leur développement. Quel que soit le jeu, on peut dire que lorsque l’enfant joue, il entre dans un “monde virtuel”. Cela lui permet de faire une transition entre la réalité et ce qui se passe en lui, en pensées et sentiments. Jouer, et plus encore dans les jeux de rôles, c’est aussi pour l’enfant, l’occasion de reprendre des événements réels (des instants particuliers passés à l’école, avec ses copains, des images vues à la télévision…). L’enfant met en scène dans un contexte ludique et appréhende ainsi ces événements à sa manière, à son rythme, avec son niveau de maturité pour bien les comprendre. Le jeu a donc une vocation thérapeutique, il est de notre responsabilité d’adulte de leur offrir des espaces ludiques variés et de qualité, mais aussi de changer notre regard sur ces temps ludiques et de les respecter comme des temps éducatifs, au même titre que les autres activités dites éducatives. Les espaces ludiques publics doivent par conséquent être intégrés dans les projets éducatifs locaux, dans la politique éducative de la ville. Sans quoi on pourrait supposer que l’espace public n’a rien d’éducatif. Or, ne recherche- t-on pas entre autre, à créer ou à revitaliser des dynamiques sociales sur les quartiers au travers des aménagements publics ?
De nouveaux concepts d’aires de jeux aux formes et aux couleurs ludiques avec une grande diversité de jeux répondent aux attentes des enfants.

En quoi les aires de jeux aident-elles au développement de l’enfant ?

L’aire de jeux les aide à se structurer physiquement et psychologiquement. Ils y acquièrent de l’autonomie et se socialisent au contact des autres enfants. À la différence de la cellule familiale ou de l’école, ils sont libres d’évoluer comme bon leur semble, à leur rythme. En effet, dans ce contexte, les adultes n’ont pas d’attentes par rapport aux performances de l’enfant et leur rôle est avant tout une surveillance classique. Sans exigence, sans attente particulière, on laisse l’enfant libre de jouer seul, avec les copains, d’interpeller l’adulte voire d’adopter une attitude passive, le plus clair de son temps, en observant les copains. Les amis sont donc choisis sans contraintes, hors école, parfois hors quartiers, il structurent d’autres relations sociales dans d’autres contextes. Une richesse de contextes éducatifs essentielle à un épanouissement global.

Langueux : des aires intégrées au paysage

A Langueux, le conseil municipal a décidé d’un programme pluriannuel d’investissement de 132 500 euros, consacré à l’amélioration et à la création d’aires de jeux pour enfants. A ce jour, les espaces ludiques sont au nombre de 6 au sein des quartiers, 5 au sein des écoles, auxquels s’ajoute un skate-park. Elles doivent couvrir l’ensemble du territoire communal et s’adresser à l’ensemble des tranches d’âges à savoir les tout-petits, les enfants mais également les préadolescents et les adolescents (panneaux de basket, skate-park par exemple), sans oublier les personnes à mobilité réduite avec des aires faciles d’accès. L’implantation des jeux au sein des différents quartiers de la cité s’est toujours inscrite dans une réflexion d’ensemble de l’aménagement de l’espace. Ce point intervient au niveau du choix du jeu (pyramide de cordes sur le site de Boutdeville sur un espace de bord de mer, boisé et qui comprend un musée), de “l’utilisation” de l’espace existant (utilisation d’un talus pour l’implantation d’un toboggan sur l’aire de Létivy) ainsi que par un aménagement paysager (arbustes…). Les différents aménagements comprennent du mobilier urbain, à savoir tables de pique-nique, bancs et poubelles, afin d’accentuer la convivialité du lieu et de faire de celui-ci un espace de jeux et de rencontres des familles. Les différentes réalisations se sont accompagnées d’une communication à destination de la population par le biais de la presse municipale et de la presse locale. La ville a édité sur une double page, dans son magazine semestriel, un plan de la commune localisant les aires de jeux et précisant les tranches d’âges concernées.

Dans quelle mesure les aires de jeux développent-elles la motricité ?

L’aire de jeux contribue à l’acquisition des connaissances fondamentales par l’enfant. Il y développe sa motricité et l’éveil des sens. Chez les tous petits, le jeu stimule les fonctions motrices. Ils ont une motricité très basique, il faut donc leur offrir des contextes simples mais riches pour qu’ils puissent s’exprimer. Pour les 0-6 ans, la motricité peut se résumer à de l’activité physique simple comme grimper, sauter, courir. Les balançoires et les jeux à bascule favorisent la découverte de l’équilibre. Les jeux dans les bacs à sable proposent, eux, des activités de manipulation qui développent la motricité fine, les jeux avec les doigts, la coordination. Cela leur donne les bases pour l’apprentissage de l’écriture, par exemple. Les maisonnettes, elles, incitent aux jeux de rôle. Dans ce cas, les fonctions motrices de base sont utilisées au profit de l’imaginaire. Il faut pouvoir offrir aux tous petits des activités variées. À cette période, les enfants sont très égocentriques, il faut donc les canaliser. Le plus souvent ils sont guidés sur l’aire de jeu. La conception des équipements les incite à utiliser les jeux d’une certaine manière pour éviter les interférences entre les enfants. Ces derniers sont créés de façon à ne proposer qu’un chemin avec par exemple, une échelle puis un pont pour la traversée, un filet et un toboggan. Rappelons que les plus petits ne sont pas encore capables de gérer des situations collectives. La motricité s’acquiert entre quelques mois et 6 ans et continue de se développer ensuite par l’utilisation de jeux conçus pour les enfants et adaptés à leur morphologie et à leurs nouvelles aptitudes. Sur les différents jeux, l’enfant apprend à maîtriser son corps et devient petit à petit autonome.
Le mélange entre les générations est favorisé par l’aménagement de structures complémentaires dans un vaste espace vert où chacun trouve sa place.

Ces principes sont-ils applicables aux 6-12 ans ?

Les 6-12 ans recherchent la performance motrice (courir plus vite, sauter plus loin, escalader dans des contextes plus complexes, enchaîner les séquences motrices…). Ils sont dans une gestuelle gymnique, technique. À cet âge, ils apprécient particulièrement les jeux d’équilibre, sous toutes leurs formes et dans tous les sens ! Les équipements ne doivent ressembler en rien à ceux des 3-6 ans. Il faut leur proposer des nouveautés, des choses qu’ils ne savent pas encore faire. L’architecture doit être très différente et offrir plus d’opportunités. Les jeux sont plus aérés, on ne leur “dit” plus comment les utiliser. Bien conçue, la transparence des équipements doit offrir des possibilités à l’infini. Elle doit être source de créativité motrice pour le jeune. Mal conçu, le jeu peut être totalement stérile. Dans cette tranche d’âge, il y a beaucoup d’échanges et d’interactivité dans le jeu. Dès 8-10 ans, l’enfant appréhende la motricité avec l’autre, on appelle cela la socio motricité, c’est-à-dire qu’il apprend à évoluer par rapport à l’autre et avec l’autre. Les aires de jeux apportent une richesse éducative dans le sens où cela génère de l’interactivité entre les enfants, qu’ils doivent apprendre à gérer sans le concours de l’adulte. Les 6-12 ans ne sont pas revendicateurs et ne se font pas vraiment remarquer, contrairement aux adolescents. Mais ce n’est pas une raison pour les oublier. S’occuper des 6-12 ans, c’est agir préventivement car c’est à cette période que l’enfant découvre, puis s’imprègne (et plus tard essayera de les comprendre) des règles sociales et des valeurs. Or, l’analyse des villes aujourd’hui montre qu’il y a encore un gros travail constructif à faire vis-à-vis d’eux en ce qui concerne l’espace public.

Jouer est essentiel !

Jouer est essentiel pour le développement moteur, psychologique et social de nos enfants.
• L ’aire de jeu est un espace public éducatif.
• L ’aire de jeu est un lieu où l’enfant investit un monde “virtuel” et où l’enfant joue et se met en scène dans un contexte ludique.
• L ’aire de jeu permet à l’enfant d’acquérir peu à peu de l’autonomie et de se socialiser avec les différents enfants.
• L ’aire de jeu est un lieu d’expression et d’acquisition :
- de la motricité pour les 0-6 ans (grimper, sauter, se balancer),
- de la performance motrice pour les 6-12 ans (plus haut, plus vite, plus loin, escalader et enchaîner),
- de la socio motricité pour les 8-10 ans, c’est-à-dire, évoluer avec et par rapport à l’autre.

Les adolescents ont-ils leur place dans les aires de jeux ?

Dès 14 ans, l’aspect ludique prend une nouvelle orientation. Les adolescents viennent sur les aires de jeux avant tout pour rencontrer les copains. Pour les adolescents (14-16 ans), le jeu prend un caractère plus sportif. Les aires de jeux viennent en complément des clubs sportifs. Mais il n’y a pas de redondance éducative car ces sites ludo-sportifs proposent un autre cadre. Toutes les décisions sont prises par les ados eux-mêmes. Entraînement ? Jeu ? Créer de nouvelles règles du jeu ensemble ?…. Ils sont libres de choisir. Pour les filles ce sont encore plus des aires de rencontres que véritablement des aires de jeux. Elles ne trouvent pas toujours des activités à leur goût dans ces espaces qui sont finalement très masculins. Il faudrait proposer des activités douces, à caractère esthétique. On pourrait imaginer des aménagements plus féminins avec des agencements spécifiques, des espaces qui accueillent certaines nouvelles activités de rue féminines.

Qu’en est-il de la notion de danger dans l’activité ludique ?

Il faut bien différencier danger et prise de risque. La prise de risque est indispensable dans tout apprentissage. Elle aide les enfants à progresser, à développer de nouvelles habiletés, à trouver de nouveaux repères et grandir. L’enfant ressent intuitivement cette nécessité d’agir de la sorte. Il le fera quelles que soient les conditions. À nous adultes, de ne pas oublier cette notion dans la conception des aires de jeux, sans quoi les enfants vont prendre des risques ailleurs. Et dans cet ailleurs il peut y avoir de véritables dangers ! Les aires de jeux sont sécurisées avec des sols amortissants, etc. Il y a un cadre, les enfants peuvent tester leurs limites, mais il n’y a pas de danger.

Elancourt : une double concertation

Dominique Naviez et les services municipaux de la ville d’Elancourt ont en charge la création et la gestion des aires de jeux collectives de la ville (Yvelines). “Nous disposons actuellement de 50 aires de jeux sur la commune, soit quelques 250 jeux qui sont installés dans les crèches, les écoles maternelles et élémentaires, les centres de loisirs et les squares. Les aire de jeux s’inscrivent dans un environnement verdoyant préexistant ou créé lors de l’aménagement”. Viennent en complément dix multisports et un skate park à destination des plus grands. Ces aires sont complémentaires en termes de tranches d’âges, de thématiques et de types de jeux, afin de permettre à chacun de trouver le site le mieux adapté à ses attentes. Pour aider les usagers, une brochure recense et localise chaque site. Une discussion relative au recensement des besoins en type de jeux ou de valeurs ludiques, s’instaure entre les directions d’établissements et les services techniques pour les crèches, les écoles, les centres de loisirs, dans les limites d’une enveloppe arrêtée par la ville. En ce qui concerne les squares, soit l’initiative appartient à la ville et c’est elle qui conçoit le projet, soit la population riveraine est demandeuse auquel cas, des réunions ont lieu pour définir le projet. La maintenance des aires de jeux est externalisée dans le cadre d’un marché et confiée à une entreprise qui a compétence en matière de jeux. Toutes les aires sont gérées avec la même attention. En matière d’usages, les centres de loisirs viennent régulièrement sur les grandes aires de jeux et la ville organise chaque année la “fête des enfants” sur l’une des plus importantes.

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