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Adolescents : des jeux pour grandir

12/02/2025
On a longtemps considéré le jeu comme l'apanage des plus jeunes. Pourtant, depuis quelques années, les fabricants développent des gammes à destination des adolescents. Nouveau public ou bien nouvelle prise en compte d'un besoin existant auparavant ? Quelle place pour ces grands enfants et adultes en devenir dans l'espace urbain ? Comment les amener à grandir tout en assurant une transition douce ? Quelques éléments de réponse...
Adolescents : des jeux pour grandir

Un public particulier

Les adolescents constituent des utilisateurs de l’espace urbain qui ont souvent été négligés. Les aires de jeux classiques sont généralement conçues pour les moins de 10 ans. Pourtant, comme se plaisent à le rappeler les fabricants d’aires de jeux, les adolescents représentent une tranche d’âges qui a de réels besoins d’occupation de l’espace. Cette prise en compte est assez récente, elle date d’environ 2 ans. Jusque- là, on pensait que le jeu était uniquement utile pour la petite enfance. Mais les adolescents ont besoin d’être canalisés et de s’exprimer physiquement. Ils aiment et veulent jouer, se mesurer, trouver des sensations, mais aussi s’installer tranquillement pour se retrouver. La construction de l’espace public, à travers la notion grandissante de cadre de vie, a incité une réflexion sur les différents usagers de la ville. L’aménagement de l’espace urbain, avec le développement des cités, quartiers, HLM, parcs et squares a mis en exergue le besoin d’étendre l’offre aux ados. La prise en compte des besoins des adolescents part de 2 constats. D’abord, les nouvelles générations d’adolescents ont un degré de maturité plus avancé que dans le passé. Elles abandonnent donc plus prématurément les aires de jeux pour enfants. Par ailleurs, la recherche de prise de risques et de challenge sportif arrive plus tôt dans la vie de l’enfant et constitue donc des besoins déterminants pour les adolescents. Ce public que représentent les adolescents nécessite également de tenir compte des adolescentes. Car filles et garçons n’attendent pas la même chose de ces lieux. Si les garçons se retrouvent plus dans des activités à dépense physique importante ou dans la compétition et les sports collectifs, les filles privilégient des activités de fitness, de relaxation ou même des installations à sensation.

Concevoir, installer et gérer une aire de jeu

Pour les ados, le jeu permet :
• de canaliser leur énergie et de s’exprimer physiquement,
• de jouer, de se mesurer aux autres, de ressentir des sensations,
• de se retrouver pour échanger et discuter,
• de disposer d’une alternative aux clubs de sport où la pratique physique est encadrée,
• de s’exprimer et d’exister dans la ville, de vivre, de cohabiter et de partager l’espace public.
Les adolescents apprécient le type de mobilier qui leur ressemble.

Se retrouver

On dit souvent des ados qu’ils sont parfois exclus, volontairement ou non, de la vie sociale. Plus vraiment des enfants mais pas encore des adultes, les adolescents sont souvent en quête d’identité. Se retrouver avec leurs semblables apparaît comme une solution à leurs questions, leurs envies et comme un outil de leur affirmation. Il est donc essentiel de mettre à leur disposition des équipements qui leur ressemblent pour les encourager à reconquérir les espaces urbains. Mais certains pensent que les équipements pour adolescents ne doivent pas être trop nombreux. Pour eux, l’adolescent doit apprendre à s’approprier les équipements des adultes et les équipements intergénérationnels sont particulièrement adaptés à cette transition. Ils pensent enfin qu’il faut décloisonner les générations, leur apprendre à vivre ensemble.

Les skateparks aujourd’hui

Aujourd’hui, les sports urbains ont submergé la France, qui compte une quinzaine de skateparks de référence. Les installations du Mans, de Chelles, Rouen ou encore Lille font office de référence en matière de skateparks “indoor” (d’intérieur). Mais c’est surtout le skatepark “outdoor” (d’extérieur) de la plage du Prado à Marseille qui fait la fierté des skateurs français. Créé en 1991, il a influencé tous les skateparks du monde, et attire encore aujourd’hui des skateurs des 4 coins de la planète. Le skate board a su devenir un véritable sport. Depuis 30 ans, des skateurs issus de tous les pays s’affrontent au cours de championnats du monde. Plusieurs français ont remporté ce titre. Même s’ils restent méconnus en métropole, ce sont des skateurs professionnels qui vivent de leur passion. Au-delà de l’aspect sportif, le skateboard génère aujourd’hui un gigantesque marché financier.

La réponse des fabricants

Il est évident que l’adolescent n’a pas les mêmes demandes et souhaits qu’un enfant de 5 ans. Selon une enquête, 60 % des jeunes veulent pratiquer plus d’activités à l’extérieur. Autre chiffre, 65 % des filles et garçons de 13 à 16 ans interrogés utiliseraient des parcours du combattant et des murs d’escalade, et souhaiteraient disposer d’alternatives aux clubs de sport formels. Les adolescents veulent de la liberté, des sensations comme celles qu’ils ressentent par écran interposé. Les fabricants tentent de coller au mieux aux attentes des jeunes. Ils proposent aujourd’hui différentes gammes de jeux, qui stimulent l’agilité, l’équilibre et le tonus : skate boards, planches de surf… Les équipements multisports rencontre un franc succès auprès des villes puisqu’ils concentrent en un seul lieu différentes activités comme le football, le basketball, le handball, l’athlétisme…

Et l’intergénérationnalité ?

L’intergénérationnalité est une idée qui se répand et est très souvent plébiscitée lors des mises en avant de gammes de fitness en plein air par les fabricants. “Tout l’enjeu d’une politique de proximité est de concilier les comportements individuels et les attentes collectives” rappelle Nadine Seyfried. Pourtant, s’il est intéressant de proposer des activités capables d’accueillir toutes les tranches d’âges, il faut veiller à ne pas créer de conflits d’usage. Un terrain multisports en accès libre ne peut répondre aux besoins de tous les enfants. Respecter des tranches d’âges, assurer des installations dédiées, c’est aussi permettre à l’enfant de progresser. Il faut alors veiller à une complémentarité et une continuité dans les équipements proposés.

Ce que veulent les jeunes !

Selon une étude réalisée auprès de plus de 1000 jeunes de 13 à 16 ans par le bureau de sondage d’opinion international Capacent Epinion pour Kompan Play Institute, une majorité des répondants a déclaré souhaiter pratiquer plus d’activités à l’extérieur, mais ces jeunes préfèrent pouvoir se rendre dans des lieux situés à une distance parcourable à vélo. La majorité des jeunes interrogés font part du manque d’espaces susceptibles d’encourager les activités physiques. A partir de ce constat, Kompan a développé 6 grands principes des espaces pour ados :
- faire participer les utilisateurs et la communauté au projet ;
- identifier le bon site pour garantir le succès ;
- penser au caractère social dans l’aménagement : endroit où s’assoir, coins confortables ;
- créer un repère attractif adapté aux jeunes ;
- fournir une large variété d’activités adaptées aux garçons et aux filles ;
- maintenir le site propre et entretenu.

Un ado dans la ville

Les villes ont désormais compris que les adolescents doivent être pris en considération dans l’aménagement de l’espace urbain. “Les adolescents souffrent encore souvent d’un déficit d’image” explique Nadine Seyfried, consultante et spécialiste dans la conception, l’aménagement et le diagnostic des aires de jeux. “L’adulte, qui est sensible aux images médiatisées des jeunes, doit être attentif à ne pas renforcer l’image parfois stéréotypée de l’ado déstabilisé, provocateur, semeur de troubles… Rappelons que 85 % des adolescents vivent une rébellion naturelle qui se traduit par un besoin de s’opposer qui est vital”. Si les adolescents bénéficient dorénavant d’attentions particulières, c’est parce que la nécessité de les intégrer dans l’espace urbain et de tenir compte de leurs besoins est maintenant perçue comme un outil politique mais aussi comme un vecteur de lien social. “les adolescents ont besoin de rencontrer élus et citoyens pour s’intégrer dans la vie publique” insiste Nadine Seyfried. Les adolescents doivent se sentir exister dans leur ville. Celles-ci font preuve d’une communication de plus en plus importante entre l’adulte et l’ado (journaux, activités locales, associations qui les concernent…). Elles sont dorénavant dans une optique de cohabitation et de partage de l’espace public. Le gouvernement a également mis en place un réseau départemental de l’adolescence. Reste pour les villes à trouver par quels équipements elles leur donneront les moyens de s’exprimer et de s’intégrer.

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