Comme pour tout végétal, l’impact des graminées à gazon sur l’environnement est important et multiple : dépoussiérage et rafraîchissement de l’air, capture du gaz carbonique et libération d’oxygène. Par ailleurs, son organisation en tapis végétal et son utilisation comme pelouse sur des surfaces importantes lui permettent également d’être efficace pour filtrer l’eau ou amortir les bruits. Les caractéristiques biologiques et physiologiques des graminées à gazon en font des plantes particulières et intéressantes pour la préservation de l’environnement. Leur partie aérienne composée essentiellement de feuilles, organes-clef pour la captation du gaz carbonique et la libération d’oxygène, a la particularité de rester verte et fonctionnelle toute l’année contrairement aux arbres, par exemple, qui perdent leurs feuilles en automne et en hiver. Les pelouses composées de centaines de milliers de ces plantes démultiplient cet intérêt environnemental. En effet, 1 m2 de pelouse présente une surface foliaire développée d’au moins 2 m2, soit à peine 2 fois moins que celle d’une forêt.
La pelouse dépoussière l’air de nos villes
Les liens entre pollution urbaine et atteintes à la santé (maladies respiratoires, cancer du poumon…) apparaissent de plus en plus établis par de nombreuses études. La surface d’un gazon est irrégulière par rapport à une surface lisse telle qu’un trottoir, un parking ou une route. L’air qui passe au-dessus d’un gazon est ralenti par la friction des feuilles. Les sols engazonnés abaissent de manière significative les niveaux de poussière et des polluants atmosphériques en comparaison à des sols artificiels. Ainsi, les gazons captent 3 à 6 fois plus de poussière qu’un sol nu.La contribution de la sélection des graminées à gazon
La qualité de la fonction environnementale des pelouses est directement conditionnée par la présence des graminées à gazon, par leur pérennité et l’absence de sol nu. Plus les graminées à gazon seront denses, et en bonne santé (absence de maladies), plus elles capteront de gaz carbonique et libéreront d’oxygène… Ainsi, en améliorant depuis de nombreuses années les plantes sur les critères de densité, de résistance aux maladies et de pérennité, les sélectionneurs proposent régulièrement des graminées plus esthétiques, plus résistantes au piétinement et environnementalement plus efficientes. Par ailleurs, l’amélioration par la sélection des graminées à gazon contribue à améliorer des critères directement favorables à une gestion écologique des pelouses :
• les travaux sur la diminution de la vitesse de pousse permettent de diminuer les quantités de déchets de tonte d’un facteur de 1 à 2,
• l’amélioration de la résistance des plantes aux maladies évite des traitements et surtout assure une meilleure pérennité de la pelouse. En 10 ans, la sélection des ray-grass anglais à gazon (1) a permis par exemple de progresser sur :
• la densité des gazons de 13 %,
• la résistance à la rouille (maladie très courante sur gazon) de 7 à 8 %,
• la résistance au piétinement de 7 à 8 %,
• la finesse du feuillage de 14 %. Ces progrès sont constants et sont réalisés simultanément.Le gazon amortit les bruits
Les bruits dus aux activités humaines sont source de désagréments pour les citoyens urbains en tout lieu : transport (camions, voitures, mobylettes, trains, avions, …), activités industrielles, activités humaines dans les rues, aux marchés… aux stades de foot et autres événements sportifs… Quand un bruit rencontre une surface, selon les propriétés de cette surface, il a le potentiel de rebondir sur cette surface. La diffusion du bruit se produit quand le bruit rencontre une surface inégale ou une courbe convexe. Le bruit rebondit sur cette surface, mais au lieu de produire une réflexion simple, le bruit se diffuse dans de nombreuses directions. Les sources de pollution par le bruit les plus communes sont causées par réflexion et diffusion sur les sols et les bâtiments. Quand le bruit entre en contact avec les gazons, une certaine énergie du son peut être perdue. Ceci se produit par l’absorption du bruit. Quand les particules d’air que porte le bruit percutent une surface poreuse (par exemple, herbe, neige fraîche) le frottement qui se produit provoque une réduction d’énergie du son. Dans la pollution de l’environnement par le bruit, les surfaces telles que les couvertures en herbe ou les pelouses absorbent le bruit. (source : Noise Primer RDG inc.) L’atténuation du bruit ambiant par la présence de pelouse peut atteindre 5 dB(A) (décibels A). Pour mieux quantifier cet impact, voici quelques éléments de comparaison. Plus nous nous éloignons d’une source sonore, plus le bruit diminue. Ainsi le bruit perçu diminue de 6 db à chaque fois que la distance nous séparant de la source du bruit double. De même, sur route, le bruit augmente de 3 dB(A) quand le trafic passe de 1 000 voitures par heure à 2 000 voitures (de 65 dB(A) à 68 dB(A)). Le rôle d’atténuation des pelouses est donc particulièrement important à proximité des sources de bruits. (source : Noise control in the transportation corridor – CG Manning et GJ Harris 1986 - Arup Acoustics).Le gazon capte du gaz carbonique !
Le cycle du carbone correspond à l’ensemble des échanges d’éléments carbonés sur la planète. Le cycle est composé de flux et de puits de carbone. L’activité de l’Homme contribue à l’augmentation annuelle de 6,5 Petagrammes de CO2 (1 Pétagramme = 1 000 000 000 tonnes). Les parties aériennes des graminées de gazons composées essentiellement de feuilles vertes sont capables de capter le gaz carbonique tout au long de l’année. Le carbone est capturé par la plante et séquestré dans le sol par le développement et la décomposition du système racinaire. Entretenir un gazon, c’est capturer 10 fois plus de CO2 par an ! Une prairie a le potentiel de séquestrer 1,1 tonne de CO2 par an. Un gazon entretenu peut capturer 10 à 12 tonnes de CO2 par an dans ses feuilles et ses racines. A surface du sol égale, les gazons permettent une séquestration de CO2 dans le sol deux fois plus importante que celle d’une forêt de feuillus de 120 ans et autant qu’une plantation de conifères de 25 ans. Source : Plante et Cité – SFG – Top Green. Le gazon constitue un filtre pour l’eau
Une des causes de pollution de l’eau est l’écoulement des contaminants issus des surfaces dures et imperméables comme les routes et les parkings... Avec l’urbanisation, ces surfaces se développent fortement au détriment des zones perméables. En zones agricoles, un champ en pente récemment travaillé risque de perdre la terre végétale à la suite d’orages ou de pluies continues, bouchant les fossés et apportant des sédiments dans les cours d’eau. L’écoulement de l’eau en surface peut être réduit et son infiltration dans le sol augmentée en établissant de nouvelles pelouses et secteurs enherbés. La biologie des graminées permet un développement important de la microfaune du sol. Par exemple, les écosystèmes de prairies peuvent soutenir des populations abondantes de vers de terre allant de 200 à 300 par mètre carré (Potier et autres, 1985, 1990). L’activité des vers de terre augmente la macroporosité du sol, ce qui a comme conséquence l’accélération de la vitesse d’infiltration de l’eau dans le sol et une amélioration du rechargement des nappes phréatiques (Lee, 1985). Les pelouses sont le lieu idéal pour la biodégradation de toutes les sortes de contaminants de l’environnement. Par la densité de sa masse racinaire, le gazon est un filtre naturel qui épure l’eau, avant que celle-ci descende vers les couches aquifères souterraines. La microfaune du sol, abondante autour des racines, assure la décomposition des produits chimiques en matériaux inoffensifs. Le feutre de graminées est habité de bactéries particulières qui s’attaquent à plusieurs éléments d’origine chimique comme, par exemple, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (The Role of Turfgrass in Environmental Protection and Their Benefits to Humans, Dr. James Beard et Dr. Robert Green ; Bennett, 1939 ; Agrégez et autres, 1991 ; Jean et Juang, 1979 ; Morton et autres, 1988 ; Watschke et Mumma 1989). Si l’eau non traitée est impropre à l’approvisionnement en eau potable et ne peut être libérée en l’état dans les ruisseaux, les lacs ou les océans, elle peut être utilisée pour irriguer des pelouses où elle sera épurée par le système racinaire des plantes et par la microfaune du sol avant de rejoindre la nappe phréatique. Ainsi, 10 % des terrains de golf des États- Unis emploient déjà l’eau d’effluents pour leur irrigation. En France, l’utilisation sur jachères ou sur bandes enherbées en bord de rivière, de fétuque rouge, fétuque élevée ou ray-grass anglais gazon est préconisée par le Ministère de l’Agriculture pour limiter la pollution des eaux de surfaces et des nappes phréatiques par les nitrates et les pesticides. Les couverts de graminées permettent aussi de diminuer les impacts des précipitations exceptionnelles et la mise en place de structures coûteuses utilisées dans les aménagements urbains ou routiers (collecteur d’eau, systèmes antiglissement de terrain…). Cet intérêt environnemental et économique est de plus en plus reconnu par les collectivités en France et à l’étranger. Par exemple, aux États-Unis, un système appelé “Grass Filter Strips” (bandes de pelouses filtrantes), de 7 à 30 m de large, est employé par les agriculteurs le long des cours d’eau pour filtrer l’eau, ancrer les particules de sol et protéger les talus contre l’érosion.
1- Source : mesure expérimentale du progrès génétique sur le ray-grass anglais gazon - ACVF *- INRA 2008 à paraître.