Il y a à peine un demi-siècle, on rencontrait partout en Europe des prairies, des landes et des talus fauchés ou pâturés occasionnellement. Sur ces sols pauvres, de très nombreuses espèces se côtoyaient. Aujourd’hui, l’Homme exerce une pression beaucoup plus forte sur la Nature. D’après le laboratoire d’écologie des prairies, les sols sont enrichis, ce qui permet à quelques espèces de dominer les autres, empêchant les plus faibles de se développer. Mais depuis quelques années, on voit les bas-côtés de routes, les abords des écoles ou les espaces verts publics s’embellir de ces bandes de végétation à l’aspect si délicat et naturel. Les prairies fleuries connaissent aujourd’hui un regain d’intérêt dans les aménagements paysagers.

Une prairie fleurie a l’avantage de pouvoir s’adapter même en climats très secs, comme ici, au Smar II en Tunisie (essais de Top Green).
Une alternative paysagère intéressante
Une prairie fleurie présente de nombreux atouts :
• Au niveau esthétique : les prairies fleuries se rencontrent de plus en plus rarement en milieu naturel. Recréer une prairie fleurie revêt donc souvent un aspect sentimental, une recherche d’authenticité inscrite dans la mouvance actuelle… En outre, les espèces plantées ont souvent des périodes de floraisons étalées sur le printemps et l’été, ce qui permet de conserver longtemps un aspect fleuri. Les mélanges pluriannuels sont évolutifs : ils varient en hauteur et couleur au fil des saisons.
• Au niveau écologique : en utilisant des mélanges de fleurs composées d’espèces indigènes, on aide à maintenir la biodiversité floristique locale. Une prairie fleurie permet aussi d’attirer de nombreux insectes comme des papillons ou des abeilles sauvages. En outre, une prairie fleurie n’exige aucun traitement phytosanitaire, et ne coûte presque rien en eau ! (Rappelons qu’une surface engazonnée consomme environ 1 m2 d’eau par m2 et par an, en plus des précipitations naturelles). Un arrosage ne sera éventuellement utile qu’en cas de période caniculaire.
• Au niveau de l’entretien : Hormis des désherbages et arrosages occasionnels, une prairie fleurie ne demandera pratiquement aucun entretien, surtout en comparaison d’un gazon.
• Et donc au niveau économique : une prairie fleurie coûte, selon Howard Wood, directeur de la société Landscape and Environmental Services, et consultant en développement durable*, 10 à 20 % du prix d’un massif de fleurs. Le choix des plantes Pour créer une prairie fleurie, on trouvera chez les spécialistes des fleurs sauvages ou des fleurs horticoles. Les premières ont un fleurissement limité dans le temps mais ont l’avantage d’offrir des prairies vraiment naturelles. L’utilisation de ces fleurs peut être intéressante dans des zones bien particulières comme les bords d’une autoroute ou lorsque l’on souhaite respecter les génotypes locaux. Au contraire, les mélanges de fleurs horticoles auront un fleurissement beaucoup plus étalé, pouvant aller d’avril à novembre. Mais cet aspect esthétique est à double tranchant, et est à l’origine du principal problème rencontré par les prairies de fleurs horticoles : elles ne sont pas 100 % pérennes. En effet, lors de la fauche, on va forcément couper des fleurs annuelles n’ayant pas encore produit leurs graines. Ces végétaux ne pourront donc pas se re-semer.Gare aux graminées !
Les mélanges comprenant une grosse proportion de graminées sont généralement moins chers, les graminées étant bon marché. Il est certain que pour couvrir de grandes surfaces, appelées parfois “jachères fleuries” l’utilisation de mélange “100 % fleurs” ne sera parfois pas possible, du fait d’un coût beaucoup trop élevé. Pour les grands espaces, certaines sociétés proposent même des mélanges 100 % graminées, ou 100 % légumineuses. Mais pour de plus petites surfaces, il est conseillé d’utiliser des mélanges présentant un faible pourcentage de graminées (au maximum 50 % de graminées). En effet, certaines graminées peuvent se développer plus vite que les autres végétaux, particulièrement sur sols un peu riches, et vont donc entrer en compétition avec eux. Il est même possible d’acheter des mélanges sans aucune graminée. Ces végétaux vont d’eux-mêmes venir intégrer la prairie fleurie, mais ce développement naturel va laisser le temps aux espèces moins robustes de s’installer.Un entretien minimal
L’entretien de ce type de plantation est minimal. “En ce qui concerne l’arrosage, celuici sera nécessaire dans les 3 ou 4 premières semaines pendant la période de germination, si la précipitation naturelle est insuffisante. Après, il ne sera plus utile d’arroser, sauf en cas de grosse canicule et si l’on note un flétrissement des plantes” recommande Howard Wood. Pour une prairie de fleurs sauvages, il est conseillé de faucher une à deux fois par an la prairie, avec au moins une fauche en automne, après que les végétaux aient fait leur graines bien sûr. Cette fauche se fera à 5 à 10 cm du sol entre fin septembre et début octobre, par temps sec. Ensuite, il faut laisser sécher les plantes au sol, jusqu’à ce que les graines mûres soient libérées. Les résidus végétaux doivent ensuite être retirés, afin d’éviter d’enrichir le sol. Si le sol est riche, il est recommandé d’effectuer une autre fauche plus tôt dans la saison, entre la fin du mois de juin et le début du mois de juillet. Cette première fauche empêche les végétaux de devenir trop hauts et de se coucher, et permet également de stimuler une floraison tardive qui se prolonge jusqu’au début de l’automne. Enfin, suivant les résultats obtenus, il sera bon d’intervenir ponctuellement, ici pour supprimer des mauvaises herbes envahissantes, là pour couper des fleurs dominantes ou des fleurs fanées.
*Howard Wood a notamment réalisé des essais de prairies fleuries en Ecosse et en Tunisie, essais qui ont permis l’élaboration d’un cahier des charges technique adapté à leur installation, qui prennent en compte les habitats écologiques dans les différentes zones climatiques de l’Europe. www.landscape-environment. co.uk