Dans le fleurissement aérien, “le principal reste la fleur”, comme le souligne Gilles Quennevat, directeur des espaces verts du Plessis Robinson et formateur à Chaumont. Leur choix est donc primordial et ne doit pas être fait au hasard. Il doit être anticipé et inclus dans une réflexion plus vaste estimant “les besoins, les couleurs et les goûts”, ainsi que le préconise Roger Delevaque, de la Société Nationale Horticole Française.

La manière d’agencer et de marier les plantes est tout aussi importante que le choix des plantes : ici, le jeu de couleurs des surfinias, éclairé par la touche discrète mais lumineuse d’un bidens jaune d’or, est réhaussé d’un feuillage gris-vert de graminée.
Un choix éclairé
Le choix des plantes doit tout d’abord prendre en compte le contexte dans lequel s’inscrit le fleurissement : il faut déjà considérer largement le climat régional mais aussi le fleurissement alentour afin de ne pas prévoir un fleurissement hors-sol en désaccord avec les espaces verts existants. Il est important de “regarder ce qui se fait autour de chez soi également” insiste Roger Delevaque : ce qui “marche” pas très loin risque fort de fonctionner chez soi ! Le travail d’échange avec les autres collectivités est ainsi très intéressant. Le choix des plantes doit par ailleurs se faire dans le cadre d’une réflexion plus globale portant sur un “plan de plantation” devant être fait à l’avance : il ne s’agit pas d’attendre le début de la saison pour passer commande mais bien d’anticiper sur la saison à venir dès l’automne précédent. Le maître mot est l’anticipation… L’intérêt du plan de plantation est en effet aussi de pouvoir se projeter sur l’implantation du fleurissement, de manière à éviter certaines installations inappropriées : une plante à fleurs blanches ne se détachera pas sur un fond blanc par exemple. La connaissance du lieu d’implantation favorisera ainsi un choix pertinent de plantes et de couleurs et donc leur mise en valeur.Une question de goûts et de couleurs…
Une estimation préalable des besoins, des couleurs et des goûts permet de guider les choix. Roger Delevaque met en avant les “bases à appliquer” en matière de couleurs : il existe des familles de couleurs avec lesquelles il faut jongler. Selon lui, le fournisseur aurait là un rôle à jouer, dans la proposition de palettes végétales. Il existe par ailleurs une rosace de couleurs à partir de laquelle il est possible de travailler, sur des ‘harmonies’ ou des ‘camaïeux’ de couleurs (à relever avec une note vive). La notion de ‘création personnelle’ et originale par la collectivité reste malgré tout prépondérante. Une fois la couleur choisie, il faut ensuite choisir les variétés et leur ‘génétique’. Il est alors important de connaître les caractéristiques des plantes choisies pour pouvoir ensuite les utiliser “efficacement” en composition : quelle est la hauteur finale de la plante, quel est son port, quelle est la taille de ses fleurs, la couleur de son feuillage… ? Au Plessis-Robinson, le service des espaces verts s’intéresse également à l’étude du système d’enracinement des plantes pour orienter ses choix. Le but est d’avoir un système racinaire qui n’entre pas en concurrence, c’est-à-dire le moins envahissant possible. Les jardiniers ont ainsi pu oberver par exemple que le système très léger du gaura est propice à une mise en place en jardinière ou suspension, alors que la verveine est beaucoup plus envahissante. Le système pivotant de Pennisetum rubrum est également plus intéressant que le système très développé du Pennisetum allopecuroides.Les variétés dans le vent
Si les géraniums ont longtemps pavané au premier rang des plantes de jardinières, ils sont aujourd’hui largement rattrapés et même dépassés par un grand nombre de nouvelles variétés très florifères… Les pétunias puis surfinias ont été les premiers à détrôner ces géants. On les retrouve aujourd’hui communément dans les tons de violet, de rouge, de rose et de blanc, parfois veinés, et même «en cascades» avec les surfinias ‘Blue veine’, ‘Purple’ ou ‘Sky blue’ par exemple. Mais la dernière arrivée est sans conteste la verveine, déjà très utilisée et aujourd’hui sélectionnée pour sa résistance à l’odium, offrant des tons éclatants de rouges, de violets et de roses. Les bidens, calibrachoas, calis, cufeas, bacopas, begonias, sauges et autres sanvitalias sont aussi couramment employés. L’osteospermum, très florifère et jusqu’à présent boudé pour son arrêt brutal de floraison fin juillet, refait lui aussi son apparition (les tons de citron, orange et violet étant les plus courants en ville). Les hybiscus ou mufliers pointent également leur nez. L’hybiscus, et ses variétés à grosses fleurs, représente en quelque sorte “l’événementiel dans la jardinière”. Moins courantes, l’helichrysum à l’odeur de curry, le piment et ses fruits rouges ou le basilic pourpre apporteront une touche épicée aux compositions… Enfin, des graminées et des vivaces (gauras et cléomes par exemple) s’invitent désormais fréquemment, apportant une légèreté et une élégance de feuillage particulièrement appréciables en compositions. On retrouve aussi parfois, mais plus rarement, des grimpantes, qui sont notamment la «spécialité» du Plessis- Robinson en matière de fleurissement aérien avec l’ipomée volubilis plus particulièrement. En matière de fleurissement automnal, on retrouve généralement le chrysanthème.Gare au contenant !
Si, malgré une composition harmonieuse, le contenant est inesthétique (couleur, fixation de travers…) ou l’emplacement inapproprié (près d’un panneau de signalisation, dans un environnement visuellement pollué, sous un arbre…), l’effet rendu sera inesthétique. Il faut garder à l’idée que l’emballage est aussi important que le contenu et que les choses les plus simples sont parfois les meilleures… ce qui ne doit malgré tout pas freiner originalité et créativité ! Quel contenant choisir ?
Formes, tailles et couleurs de toutes sortes, l’offre des bacs, jardinières et suspensions est très vaste et permet aujourd’hui à chaque ville de trouver son bonheur en matière de fleurissement hors-sol. Face à ce large choix, il est essentiel de définir au préalable la fonction qu’aura ce mobilier, déterminer son lieu d’implantation, mais aussi réfléchir au stockage, à la culture, au transport, au budget, etc.
Les jardinières :
Généralement droites, elles peuvent être galbées légèrement ou même arrondies. Les jardinières droites sont à utiliser pour les parapets afin d’épouser leur forme. Galbées, elles mettent en valeur les garde-corps.
Les bacs d’orangerie et assimilés :
Les modèles traditionnels, à l’origine en chêne massif côtoient désormais des modèles plus contemporains, et différents matériaux sont proposés. Souvent par paire, de part et d’autre d’une entrée, ou le long d’une allée, on les trouve également sur des places, pour rompre la monotonie.
Les pots décoratifs :
L’aspect terre cuite est le plus courant, rappelant le pot de terre. Les fabricants proposent aussi des ports décoratifs, aux multiples matières, coloris, styles et formats. Il est important de choisir le volume du pot en fonction de la plante.
Les suspensions :
Mâts et potences simples ou multiples, avec une ou plusieurs vasques, balconnières, pyramides, colonnes et autres bouquets se sont largement développés ces dernières années. Le choix s’avère important car le type de contenant choisi influera sur la vigueur et le développement de la plante en suspension.En matière de composition…
La composition, ou manière d’agencer et de marier les plantes, est tout aussi importante que le choix des plantes : elle joue notamment un grande rôle dans l’originalité du fleurissement, reflétant finalement la personnalité de la ville à travers des créations originales et personnelles. Si elle répond à quelques règles simples, elle doit malgré tout laisser une place à l’imagination et à la créativité personnelles…Quelques règles de base
En matière de “quantités”, et avant de se lancer dans une composition foisonnante, il faut être conscient que plus le bac sera petit, moins il faudra mettre de plantes. Cette règle simple et en apparence évidente n’est pourtant pas toujours respectée : on a souvent tendance à en mettre trop par rapport à la capacité d’accueil du contenant ! Les associations de plantes se décident ensuite en fonction des couleurs mais aussi des feuillages, des formes, des hauteurs, des ports et des développements… Les ports compacts seront ainsi plus intéressants pour les massifs et bordures plutôt qu’en suspensions : on préfèrera les ports aériens et légers ou les ports divergents, à placer en arrière-plan. Les plantes trop envahissantes sont aussi à éviter ou, éventuellement, à placer avec d’autres plantes concurrentes. En matière de composition proprement dite, l’exercice ne peut s’affranchir du respect des règles fondamentales de toute composition prétendant à l’esthétique : unité, échelle, rythme et caractère en sont les piliers fondamentaux. Il est important de respecter par ailleurs dans la mesure du possible un certain équilibre propre à la composition végétale : 1/3 de contenant, 1/3 de feuillage et 1/3 de fleurs. De cet équilibre dépendent l’harmonie et la proportion des compositions végétales. Autrement, le résultat risque d’être inesthétique.Un savant jeu de mélanges
Composer c’est associer, mêler, marier et innover… Pour renouveler sans cesse les compositions, il faut en effet s’inspirer des nouvelles tendances en élargissant constamment la gamme végétale utilisée (nouveaux ports retombants, nouvelles variétés introduites…), en recherchant régulièrement des structures et textures originales (feuillages colorés, plus ou moins souples ou rigides, mats ou brillants…) et en n’hésitant pas à faire de nouveaux mélanges de végétaux (associations de couleurs inédites, mélanges entre annuelles, vivaces, bulbes et graminées, etc…).Suggestions de plantes (par Roger Delevaque, SNHF)
Dans les blancs…
• Bégonia divergent Stara/ Party/Baby Wing
• Cinéraire maritime Silverdust
• Coleus Wizard Jade
• Nemesia Frutescens Innocence
• Portulaca/Pourpier grandiflorum
Dans les bleus…
• Angelina Carita pourpre
• Convolvulus mauritanicus sabatius
• Gléchoma hederacea/Nepeta variegata
• Scaevola aemula Saphir
Dans les rouges…
• Begonia Dragon Wing rouge
• Cuphea Torpedo/Fire Cracker/Tiny Mice
• Gnaphalium/Helicrysum petiolare
• Portulaca/Pourpier grandiflorum
• Verveine Temari rouge vif
Dans les jaunes…
• Bidens Golden Yellow
• Calocephalus brownii Challenge
• Coleus Or des Pyrénées
• Sanvitalia speciosa Aztekengold
• Thunbergia/Sourire de Zanzibar/Suzanne aux yeux noirs
Dans les oranges…
• Asparagus Sprengeri
• Begonia boliviensis Bonfire/ Million Kisses
• Diascia Miracle
• Lotus Berthelotti
• Mimulus aurianticus
Dans les roses…
• Begonia divergent Baby Wing/Big/Party
• Dichondra Silver Falls
• Gaura Siskiyou
• Plectranthus Coleoides
• Verveine Temari rose