L'utilisation de vivaces dans les massifs répond aux trois critères du développement durable : économie, écologie et social. En effet, les compositions de plantes pérennes demandent moins d’eau, moins d’engrais et permettent de diminuer les dépenses dédiées à l’achat des végétaux. Elles ont aussi un rôle social : elles offrent plus de diversité et peuvent être à l’origine d’une rééducation des habitants en matière de plantes indigènes. Cependant, malgré leurs évidentes qualités, les vivaces ne peuvent pas être utilisées partout dans la commune.
Effectuer un zonage préalable
Pour Vineuil, le point de départ de ce changement a été la “Charte Paysagère de qualité développement durable” mise en place en 2002. A partir de cette date, la collectivité a commencé à établir une politique de gestion durable. “Tout d’abord, il a fallu partager le territoire communal en différents secteurs d’entretien, c’est-à-dire établir un zonage préalable” précise Bastien Boulben. “Les lieux de prestige comme les abords de la mairie, sont plantés avec des annuelles. Les zones périphériques et les grands axes éloignés des habitations sont réalisés avec des vivaces paillées pour économiser l’eau. Entre les deux, nous plantons des vivaces en fond agrémentées d’annuelles sur le devant.” Pour fleurir le pied des arbres, la commune a fait le choix de planter des vivaces, même en centre ville. Cela permet de limiter l’entretien et de protéger le végétal des blessures urbaines.
Avec une bonne connaissance des plantes, il est possible d’obtenir quasiment les mêmes résultats avec les vivaces qu’avec les annuelles.
Un bilan largement positif
“Avec la mise en place de la gestion différenciée et du fleurissement durable, le budget Espaces Verts a diminué de 20 % en 4 ans !” explique Bastien Boulben. “En même temps, nous avons pu augmenter les surfaces fleuries sur l’ensemble des espaces publics.” Pour la mise en place des massifs, le coût reste le même. Certes les vivaces sont plus chères, mais il en faut moins au m2. La différence se fait principalement sur la durée par un amortissement à moyen terme. Un massif de vivaces reste trois ans en place, alors qu’un massif d’annuelles impose un remplacement tous les ans, voire deux fois par an si les compositions comprennent des bisannuelles. Le prix des vivaces est donc divisé au minimum par trois par rapport aux annuelles. En outre, les vivaces, particulièrement résistantes, présentent un caractère plus écologique. Elles requièrent moins d’eau et d’apports en fertilisants. Enfin, associées à un paillage, elles permettent de limiter les produits phytosanitaires.Une évolution progressive
“Les premiers temps, nous avons rencontré quelques difficultés à tenir un massif plus de deux ans” raconte le responsable Espaces Publics. “Certaines espèces avaient tendance à prendre trop le dessus sur les autres et un certain nombre de végétaux s’affaiblissaient dès la première année. Aujourd’hui, nous avons trouvé le bon rythme et nous remplaçons nos massifs tous les trois ans.” Grâce à ce “turn over” la commune réhabilite seulement 1/3 des massifs chaque année tout en gardant un aspect optimal de ses plantations. Avec l’expérience, Vineuil réussit aujourd’hui à obtenir quasiment les mêmes résultats en vivaces et en annuelles. “En outre, comme l’évolution s’est faite au fur et à mesure, les habitants ont très bien réagi au changement.” explique Bastien Boulben. Le fleurissement durable a été assez compliqué à mettre en place. “Il a fallu prévoir de nombreuses formations des agents en interne et passer beaucoup de temps sur le terrain” note le responsable Espaces Publics. “Il était indispensable de motiver les jardiniers à ce changement en les impliquant au maximum.” Une démarche globale
Les massifs de vivaces ont un aspect plus naturel, ils ne peuvent donc pas être implantés n’importe où. Pour cela, il est primordial de faire une étude préalable en prenant en compte différents critères. “Il faut analyser précisément les lieux, sectoriser le territoire, et surtout faire un diagnostic général de la commune avant de commencer” prévient le responsable Espaces Publics. La communication est aussi un élément important dans cette démarche, que ce soit avec les habitants ou entre les différents services. “De la transversalité entre les différents services, dépend la qualité des espaces publics” souligne Bastien Boulben. “Il faut garder un oeil sur tout. A Vineuil, nous avons créé un service espace public qui rassemble les différentes fonctions espaces verts, voirie et propreté. De ce fait les agents sont regroupés et peuvent travailler ensemble.” Il a fallu beaucoup de temps et d’énergie pour mettre en place le fleurissement durable de Vineuil. Mais aujourd’hui, le bilan est largement positif. Avec 1/3 d’annuelles et 2/3 de vivaces dans la commune, le service a fait de nombreuses économies tout en augmentant l’aspect écologique et la diversité des massifs.