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Rendez-vous... au Golf du Chambon-sur-Lignon

25/09/2025
Rendez-vous... au Golf du Chambon-sur-Lignon
À 1 000 m d’altitude, le Golf du Chambon-sur-Lignon déploie son parcours entre forêts de pins, clairières lumineuses et horizons dégagés. Un écrin naturel où l’intendance affine chaque saison un tracé exigeant, domptant autant que possible le relief marqué des zones de jeu et la virulence du Dollar spot. Éric Louis, le maître du gazon qui signe sa dernière saison avant la retraite, évoque ses réussites, ses difficultés et sa méthode d’entretien.
 
 

FICHE TECHNIQUE


Superficie du domaine

100 ha

Parcours

18 trous, par 72, 6 031 m (blanc)

Greens

1 ha

Avant-greens

1 ha

Départs

1 ha

Fairways

20 ha

Roughs

10 ha

Bunkers

40

Entraînement

1 practice avec 18 postes (dont 5 couverts), 1 pitch&putt de 3 trous, 2 putting green et 1 zone d’approche.

Au pied du Mont Mézenc, là où la Loire prend sa source, un paysage des plus familiers se déroule parmi les pins : un superbe 18 trous, dont le nom qu’il porte n’est autre que celui de la commune sur laquelle il a été créé en 1987. Son fondateur ? Laurent Fichet, féru de la petite balle blanche. Une idée folle pour celui qui était à l’époque professeur de mathématiques. Mais sa passion le pousse à voir les choses en grand : il acquiert des terres communales, échange avec des propriétaires forestiers et parvient à constituer un domaine d’une centaine d’hectares. Pour dessiner, dans un premier temps, un 9 trous puis un autre quelques années plus tard, l’expert des chiffres s’entoure de celui qui maniait et manie très bien le crayon : l’architecte Michel Gayon.
L’eau d’arrosage provient exclusivement de retenues collinaires alimentées par les sources et les eaux de ruissellement.

Un parcours très technique

Sous sa plus belle plume, Michel Gayon crée un parcours vallonné, ponctué d’émergences granitiques, à partir de mouvements de terre riches en tourbe, très présente sur site. L’architecte façonne des fairways avec sobriété, privilégiant des couloirs naturels bordés de pins, parfois étroits et demandant de la précision au drive. Un dogleg gauche, présent au trou n°4 (par 4), fait parler de lui ! Les greens, légèrement surélevés et souvent protégés par des bunkers bien positionnés, imposent des attaques calculées et un putting fin. Sans surprise, le jeu est très technique, avec un slope de 152, et convient parfaitement aux pratiquants aguerris. Éric Louis, l’intendant des lieux présent depuis les premiers coups de pelle du parcours, le confirme. Il évoque aussi volontiers la technicité qu’ordonne l’entretien du parcours.

Pas facile de gérer les pentes !

L’intendant souligne une première difficulté : le relief du parcours. “Que l’on tonde ou que l’on réalise n’importe quelle opération mécanique, tout prend plus de temps”, insiste Éric Louis. “Cela ne nécessite pas pour autant de matériels spécifiques, hormis une tondeuse triplex à roues motrices, mais nous ne sommes que deux jardiniers à l’année”, précise-t-il. À cela s’ajoute l’entretien des abords des pièces d’eau et des sous-bois de résineux, effectué au gyrobroyeur Carroy Giraudon. Point positif toutefois : à cette altitude (1 000 m), les pins sont pour l’instant épargnés par les chenilles processionnaires. “En prévention, nous avons planté des pins de Corse, un peu moins sensibles, notamment à la sécheresse et aux coups de chaud qui provoquent chaque année le dépérissement de nombreux sujets”, commente l’intendant. Des arbustes complètent ces plantations et contribuent à enrichir les écosystèmes du parcours, labellisé Golf pour la Biodiversité.

Gestion de l’eau

Grâce aux retenues collinaires présentes sur le parcours, Éric Louis et son équipe assurent l’arrosage intégral des greens et des fairways. “Nous n’avons ni forages, ni canaux, ni connexion au réseau. Toute l’eau d’arrosage provient de ces retenues, alimentées par les eaux de ruissellement et des sources naturelles”, précise-t-il. Deux pompes immergées Grundfos prélèvent une eau propre, légèrement acide. Seul bémol : les restrictions estivales. “Des arrêtés préfectoraux tombent régulièrement. Nous arrêtons donc l’arrosage des fairways bien en amont, afin de limiter la consommation et préserver nos stocks, anticipe l’intendant. L’arrosage de ces mêmes fairways s’effectue en simple ligne, grâce à des équipements Rain Bird remplacés progressivement depuis la création du golf. Côté greens, sept d’entre eux ont récemment été requalifiés par l’entreprise Chomat, basée à Saint-Just-Saint-Rambert (42). “Autrefois, une seule électrovanne pilotait quatre arroseurs. Aujourd’hui, grâce aux travaux, chaque green est équipé d’arroseurs à électrovanne intégrée, pilotés individuellement. Nous consommons ainsi moins d’eau et les apports sont plus homogènes, même si la triangulation reste perfectible, ce qui nous oblige parfois à ajuster les temps d’arrosage, notamment dans les dévers”, explique-t-il.

Fichu Dollar spot !

Si la fusariose froide est contenue grâce à deux apports de fongicides à l’entrée et à la sortie de l’hiver, le Dollar spot reste la principale difficulté. “On n’y arrive pas, même avec des traitements conventionnels qui ne font que contenir tant bien que mal les attaques. On réalise environ quatre traitements par an”, regrette-t-il, dénonçant dans son cas l’impasse du zéro phyto. “C’est déjà compliqué, alors sans chimie, ce serait impossible.” Mais l’intendant ne baisse pas les bras. “À l’heure actuelle, nous testons beaucoup de produits alternatifs. Notre fournisseur, Naturalys, nous a établi un protocole pour que les produits agissent en synergie et maximisent leur efficacité. Maxime Depiat, un ancien de chez Olmix, nous a sélectionné une série de solutions actuellement en phase de test chez nous, dont SB Sol de Keragro, à appliquer dès l’apparition des symptômes. Objectivement, ça ralentit la progression de la maladie”, reconnaît-il. D’autres solutions sont également expérimentées : Polystim, Multibox...
Le parc matériel :
Tondeuses :
-3250 de Toro (2 unités) ;
-7000 D de Toro ;
-4000 D de Toro ;
-3 100 de Toro -1200 A de John Deere.
Véhicules :
-Progator de John Deere ;
-Cushman
-RTV-X de Kubota ;
-Sam Frutteto 60 (tracteur) ;
-Ferrari Cromo K60
Engins d’entretien :
-Vertidrain de Redexim ;
-Veemo MK2 de Sisis ;
-Core Harvester ;
-Pulvérisateur de Cornu ;
-Terra FLoat de Wiedenmann ;
-Sableur Turfco ;
-Souffleur Agrimétal ;
-Épareuse Arthéa de Rousseau ;
-Épandeur Vicon
Petits matériels : sondes TDR, tronçonneuses, souffleurs...

Engrais : chaque saison sa formulation

Éric Louis s’appuie une nouvelle fois sur Naturalys pour établir un plan de fumure adapté. Sur la base d’analyses de sol régulières, les unités NPK apportées sont les suivantes :
-green : 205 – 34 – 242 ;
-avant-green : 148 – 30 – 105 ;
-fairways : 48 – 12 – 24 ;
-départs : 192 – 48 – 96.
“Au début de la saison, j’utilise du Ferrotop et du Floranid de Compo Expert pour relancer et reverdir le gazon. J’aime bien aussi alterner avec des engrais organiques de type Marathon d’Olmix, qui fonctionnent très bien une fois le sol réchauffé. Le reste du temps, je réalise des apports liquides, beaucoup plus précis”, indique-t-il. À l’écoute des recommandations de Naturalys, l’intendant applique également des biostimulants. “On en teste beaucoup cette année… peut-être trop, car il est difficile de savoir lequel agit réellement. Si j’avais un conseil à donner, ce serait d’en expérimenter un ou deux à la fois”, nuance-t-il.
Scarification des départs.

Opérations mécaniques

Sur les greens, l’intendant et son équipe débutent en avril par une aération réalisée avec des louchets creux de Ø12, et terminent en septembre par une autre aération. “Cette année, nous avons testé la technique du Dry-ject, qui consiste à injecter de l’eau sous pression puis à remplir les orifices avec du sable et des amendements de type zéolithe. C’est onéreux et chronophage, car il faut remplir la trémie manuellement en plein travail”, décrit-il avec lucidité. “Honnêtement, cette méthode est un bon complément, mais elle ne doit pas remplacer une aération classique. Je préfère aérer car on extrait de la matière et du feutre.” En début de saison, dès la reprise de croissance du gazon, l’intendant procède à une scarification, suivie d’un léger top-dressing avec du sable 0/2 issu des carrières Peysson (38). Autant que possible, les jardiniers réalisent également des verticuts — tous les lundis ou presque — à l’aide d’éléments spécifiques montés sur triplex, afin d’éliminer la couche de feutre. Une opération essentielle juge-t-il, tout comme l’application régulière d’agents mouillants (Aqua Aid) pour prévenir le dry patch.

Un dernier message

En décembre, Éric Louis prendra sa retraite. L’heure est donc au bilan. “Je l’avoue, ce beau métier devient compliqué. On nous en demande trop : il faut être jardinier, mais aussi plombier, menuisier... La pression est constante. Et il est difficile de composer avec tout cela, d’autant plus que la nature impose ses propres règles. Le parfait n’existe pas, et l’atteindre comme on nous le demande, avec de moins en moins de solutions, notamment chimiques, est inenvisageable. Je crois que les conditions de jeu doivent évoluer, tout comme la mentalité des golfeurs, qui, au fil des années, supportent de moins en moins notre présence sur les terrains. Certains nous demandent même d’intervenir uniquement la nuit. Or, notre métier est essentiel : pas de gazon, pas de jeu ! Et pour entretenir un gazon, il faut du temps, de la réflexion, de l’énergie et des solutions efficaces...” conclut-il, avant de saluer ses confrères : “Félicitations à tous les intendants et jardiniers de notre belle profession.” À bientôt Éric. Rendez-vous au Golf du Chambon-sur-Lignon pour admirer le gazon de ce parcours de haute montagne.