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Un Petit Majorelle en Corse

01/09/2025

Au cœur des vergers corses, un jardin de 10 x 10 m transporte ses usagers dans une parenthèse marocaine où la rigueur du dessin paysager rencontre la poésie de l’exotisme. Retour sur un petit projet singulier, mené par Pascal Vachey, paysagiste passionné, entre adaptation climatique, finesse des matériaux et hommage à l’émotion végétale.

Sur une parcelle de 12 000 m², le client souhaitait un jardin méditerranéen teinté d’inspirations marocaines. “Il est passionné par le Maroc, où il se rend souvent. Il rêvait d’un jardin évocateur, mais bien ancré ici”, introduit Pascal Vachey. C’est ainsi qu’est née l’idée du Petit Majorelle, un jardin clos de 100 m² inspiré du célèbre jardin de Marrakech. Objectif : créer un espace résilient, à faible entretien, intégré au site rural. “Je voulais que le jardin s’adapte au climat, tout en conservant une touche d’ailleurs, presque onirique, et où l’implantation respecte l’environnement existant : vergers, agrumes, oliviers en toile de fond… Le jardin s’y glisse aujourd’hui sans dissonance”, précise-t-il.

Les murs périphériques de 1,50 m de haut aux courbes adoucies enserrent l’espace. Deux portes en fer forgé, dessinées sur mesure, en sont les seuls accès. “L'idée n'était pas de copier, mais de traduire un ressenti, une atmosphère, avec les moyens du lieu”, insiste le concepteur.

Vue du jardin avant commencement des travaux.

Concevoir une échappée sensorielle

Le sol est un élément clé du projet. Pour assurer la durabilité, tout en gardant une esthétique sobre, un tapis de briques en terre cuite souligne le bassin et les entrées. Le reste du sol est traité en tuiles concassées sur Nidagravel : un sol drainant, stable et respectueux des exigences hydriques locales. À l’intérieur du jardin clos, des Arecastrums Romanzoffianum rythment les angles et l’entrée principale, entourés de Plectranthus anboinicus, de cactées et de plantes exotiques : Agaves, Euphorbes, Aloès, Pachycerus… toutes issues de la collection spécialisée Toukipic à Hyères. “J’affectionne particulièrement le Gros Thym : son port rampant amène de la douceur au pied des palmiers”, explique le MOF (Meilleur Ouvrier de France). En périphérie, les Senna corymbosa viennent habiller les murs sud et est, tandis que des Phormiums, Strelitzias et Cordylines prolongent la liaison végétale avec le reste du jardin.

Un bassin central à filtration intégrée

Pièce maîtresse du jardin, le bassin carré (2 x 2 x 0,70 m) fonctionne en circuit fermé avec un système de filtration Oase combinant pompe, UV et plantes aquatiques (Pontederias, Thalias). Trois points lumineux intégrés et pilotés par télécommande permettent une mise en scène nocturne sobre et efficace. “L’idée était de créer un rythme visuel jour/nuit, en gardant l’esprit ‘jardin d’ombre et de fraîcheur’.”

Le jardin a deux entrées : une côté maison et l’autre desservie par une passerelle en bois qui traverse des massifs.

On l’aime, ce bleu

Majorelle Peindre les murs et le bassin du fameux bleu iconique ne fut pas une mince affaire. Non sans peine, Pascal Vachey s’est fait peintre le temps d’un instant : “Il m’a fallu six essais pour obtenir la bonne teinte. Pour certains puristes, ce n’est qu’un clin d’œil, mais mes clients s’y sentent ailleurs dès qu’ils franchissent la porte. C’est tout ce qui compte pour moi.” Ce bleu, parfois incompris, avait même failli lui coûter un passage au concours des MOF, comme il le raconte avec amusement…

Humilité, rigueur et culture du détail

Pascal Vachey n’en est pas à son coup d’essai. Fort de plusieurs expériences dans le pourtour méditerranéen, notamment en Algérie, dans la région de Blida, il puise dans ses souvenirs, ses lectures et ses ressentis pour façonner des jardins profondément contextuels. “Je ne suis jamais allé à Marrakech, mais ce jardin me fascine depuis toujours.” Cette distance nourrit une vision poétique... Chaque projet devient une variation sensible autour du site, du climat, de la demande du client et de ses propres inspirations. Derrière ces essais et recherches, Pascal Vachey revendique une certaine humilité du paysage : “Quand on croit avoir créé quelque chose, il y a toujours quelqu’un, quelque part, qui l’a fait avant vous. C’est un rappel sain pour notre métier.” Et face à l’esthétique, il ne sacrifie jamais la technique : maîtrise de l’irrigation, lutte biologique contre le charançon rouge, éclairage intelligent... Rien n’est laissé au hasard. Le Grand Majorelle a désormais un petit frère caché !

FICHE TECHNIQUE

Végétaux	• 5 Alpinia zerumbet 'Variegata' C5L • 4 Arecastrums stipe 1,50 m • 2 Phoenix roebelenii C20L • 2 Strelitzia reginae C10L • 3 Phormium pourpre C10L • 2 Brahea armata C20L • 8 Plectranthus amboinicus C3L
Cactées — Collection Toukipic Hyères	• 4 Agave attenuata • 1 Agave 'Blue Glow' • 4 Opuntia • 2 Aloe vera • 3 Pachycereus • 1 Carnegiea gigantea • 4 Senecio mandraliscae • 2 Cleistocactus • 1 Stenocereus • 1 Euphorbia ingens
Poterie Ravel Aubagne	• 4 Vases pots Cycas fins blancs CYC F80 • 4 Pots Cactus blancs CAC 57
Revêtement et paillage	• 45 m² sous-couche tout-venant compacté • 45 m² de Nidagravel + 2,5 m³ tuiles concassées • 20 m² de bâche de paillage + 1 m³ tuiles concassées
Bassin — matériel Oase	• 1 Aquarius Fountain • 1 Filtral UVC 5000 • 1 Inscenio FM Master Cloud • 4 Spots Profilux Garden LED Rub
Prévention phytosanitaire	• 4 pièges Palmatrap + Pherodis (phéromone) — Insectösphere • Lutte biologique contre le charançon rouge des palmiers (Rhynchophorus ferrugineus)

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