Saint-Gildas-des-Bois (44), commune de 3 700 habitants située en Loire-Atlantique, s’est développée autour d’une congrégation religieuse qui a profondément marqué son histoire et son identité. L’église abbatiale du XIIᵉ siècle et l’ancienne abbaye constituent un ensemble architectural classé, formant un patrimoine remarquable au cœur du bourg. La commune bénéficie d’un positionnement à la croisée de plusieurs axes structurants du territoire, propice au développement local et à l’accueil touristique. Pourtant, le centre-bourg, traversé par la D773, subissait une forte pression routière. Très minéralisée et largement occupée par un parking en enrobé foncé, la place centrale effaçait les bâtiments historiques et leurs abords, et offrait un cadre peu adapté à l’accueil des événements organisés par la Commune. C’est dans ce contexte qu’a été engagée la requalification du centre-ville, avec pour ambition de redonner au bourg une centralité attractive et apaisée. L’intervention visait à améliorer les conditions d’usage pour les habitants tout en créant un cadre plus accueillant, invitant à la halte, à la promenade et à la redécouverte du patrimoine local.
Une ouverture dans le mur d’enceinte, alignée sur un hêtre pourpre remarquable, crée une nouvelle perméabilité et offre aux résidents une boucle de promenade piétonne très appréciée.
Recentrer, révéler, relier
Lauréate de l’appel d’offre, l’agence Phytolab a élargi le périmètre d’intervention initialement limité à la seule place de l’Abbatiale, pour concevoir un projet global traitant à la fois le cœur de bourg et les entrées de ville. “Dans une commune rurale où la voiture reste indispensable, la suppression des places de stationnement n’était pas envisageable. L’enjeu était donc de mieux les intégrer dans le paysage, tout en redonnant de la place au végétal”, explique Marion Dervout, paysagiste conceptrice chez Phytolab.
Un parvis piéton a été aménagé devant l’entrée de la congrégation afin de mettre en valeur le bâtiment. L’ambiance du centre a été transformée par le choix des nouveaux revêtements. “Nous avons choisi un granit beige-gris, un matériau qualitatif qui unifie les espaces et recrée une ambiance de place. Il a été décliné selon les usages : pavés, pavés joint gazon, dallages, emmarchements et pour les voiries avec des joints de fractionnement type ‘Escodal’. Un secteur a été réalisé en béton microdésactivé, dont la teinte s’accorde bien avec la pierre et dont l’effet sablé apporte une atmosphère de jardin, en transition vers le parc de la congrégation.”, précise-t-elle.
Redonner à voir le paysage
À proximité, le presbytère était autrefois fermé par un haut mur d’enceinte, opaque et massif, dont seuls quelques houppiers dépassaient. “La maison de retraite dispose d’un vaste parc arboré. Une partie de ce jardin appartenant à la mairie, nous avons pu déposer le mur et installer en retrait une clôture ajourée. Cette nouvelle limite ouvre les vues, crée de la profondeur et permet au paysage de pénétrer l’espace public”, souligne la responsable du projet. Dans le secteur du Fruitier, en retrait de la place et en bordure du parc, une ouverture a été créée dans le mur séparatif avec l’installation d’un portail à double vantaux, aligné à un hêtre pourpre remarquable. “Au départ, le portail devait être fermé, mais en fin de chantier, il est apparu évident de le maintenir ouvert afin de créer une nouvelle perméabilité, à la fois visuelle et physique. Il permet désormais aux résidents de la maison de retraite de profiter d’une boucle de promenade piétonne et sécurisée, très appréciée, au cœur du bourg”, explique Marion Dervout.
De nombreux bulbes à la floraison blanche viennent enrichir la palette végétale.
Un bourg à nouveau végétal
“Nous avons proposé de faire entrer le végétal dans le bourg et de créer une couture entre l’identité naturelle et bocagère du territoire et la collection d’arbres remarquables déjà présents en centre-ville. La palette végétale a été pensée en dégradé, du champêtre aux entrées de ville jusqu’à l’horticole au cœur du bourg”, explique Marion Dervout.
La rue du Pont, prolongée par la rue du Docteur Praux, constitue l’une des principales entrées de ville. Elle est bordée d’un long mur d’enceinte et de deux trottoirs étroits, peu confortables et peu sécurisés. “Nous avons privilégié une continuité piétonne d’un seul côté. De l’autre, malgré une emprise réduite, il était possible de planter pour habiller la façade”, poursuit-elle.
Le choix végétal s’est porté sur une palette champêtre, aux essences à développement maîtrisé, adaptées aux contraintes de circulation et à un entretien limité, en concertation avec les services techniques municipaux (Cerisier Prunus serrulata ‘Sunset Boulevard’, Acer campestre ‘Elrich’, Ulmus resista ‘Sapporo Gold’).
Au centre du bourg, l’espace s’organise autour de larges glacis engazonnés, complétés par une composition végétale inspirée de l’héritage des jardins horticoles.“Nous avons souhaité introduire ici des essences qui sortent de l’ordinaire, avec une floraison blanche pour une touche élégante et une feuillaison automnale remarquable (voir palette ci-contre)”, poursuit Marion Dervout. De nombreux bulbes finalisent cette composition.
Un mobilier sur mesure accompagne la réouverture de l’espace public aux habitants et aux visiteurs : bancs et chaises invitant à la pause et tables de pique-nique pour prolonger la halte.
Le centre-bourg de Saint-Gildas-des-Bois a retrouvé un espace central à la fois qualitatif et convivial. Un projet salué d’une mention spéciale Prix Aperçus par le CAUE44 en 2023 et du Prix spécial Petite Ville de Demain aux Victoires du Paysage 2024.