Plusieurs mises aux normes s’imposaient dans le centre-ville de Dammartin-en-Serve, notamment pour améliorer l’accessibilité de la mairie et de l’église, ainsi que pour repositionner un arrêt de bus. Accompagnée par le CAUE des Yvelines, la commune a choisi de repenser l’ensemble de sa place centrale dans une logique de requalification globale, évitant une succession d’interventions isolées. Cette approche cohérente a également permis de mobiliser des financements complémentaires.

Le parvis de la mairie, habillé de pierre calcaire claire assortie à la façade, met en valeur le bâtiment et renforce sa lisibilité dans l’espace public.
Faire ralentir et sécuriser un coeur de Ville
Située à l’intersection des routes départementales D11 et D170, la place de la Libération, incluant le parvis de la mairie, était exposée à un trafic dense, avec des franchissements fréquents à vive allure. Cette situation générait une rupture particulièrement dangereuse au coeur du village, à proximité immédiate de l’école et d’un square très fréquenté par les familles. Le projet visait à sécuriser les cheminements piétons, à améliorer la lisibilité des bâtiments publics et des commerces, et à renouveler l’image du centre-bourg. “Nous avons retenu une proposition qui élargissait le périmètre d’intervention afin d’appréhender la place dans sa globalité, en intégrant également l’espace autour du monument aux morts. L’enjeu pour nous était de gommer la rupture créée par la départementale et de recréer une unité d’ensemble”, explique Lydie Chamblas, architecte et paysagiste-concepteur de l’agence MAP. Pour commencer, la place a été réaménagée sous la forme d’un plateau surélevé, avec des rampants de 7 %. “Il s’agit d’un rehaussement équivalent à la hauteur d’un trottoir, mais cela suffit à créer un effet de ralentissement et à instaurer une zone 20 au coeur du village”, précise-t-elle. Un parvis en pente douce a également été conçu devant la mairie pour garantir son accessibilité aux personnes à mobilité réduite.

Un jardin de curé, planté d’aromatiques, a vu le jour derrière l’église, délimité par un mur en pierres apportées par les habitants. Le thème de l’eau, en lien avec la vallée de la Vaucouleurs, a guidé le choix des plantations.
Jouer sur les matériaux
“Pour structurer l’espace, nous avons volontairement écarté les matériaux traditionnels issus de l’univers routier. Nous avons opté pour différents types de pavés, plus proches du registre des places de village. Le choix s’est porté sur des matériaux à la fois intemporels et contemporains, capables de s’intégrer naturellement au site, comme s’ils avaient toujours été là”, ajoute Lydie Chamblas. Les abords de la place sont ponctués de bornes en bois, des “icebergs” solides qui assurent la protection des usagers tout en apportant une touche naturelle. Deux d’entre elles sont amovibles, afin de garantir l’accessibilité aux véhicules de service, au marché hebdomadaire ou au camion de pizza. Le parvis de la mairie, pensé comme un sous-espace au sein de la place, a été réalisé en pierre calcaire blanche, dans une teinte assortie à celle de la façade, afin de souligner la présence du bâtiment et de renforcer sa lisibilité dans l’espace public. La place elle-même est pavée en grès granit, issu du réemploi de matériaux récupérés auprès de la Ville de Paris, dans une logique de valorisation des ressources régionales.
Au niveau de la borne de roulement, les matériaux ont été choisis pour leur résistance, adaptée aux contraintes d’un centre-bourg rural, et capables de supporter le passage de véhicules lourds tels que les moissonneuses-batteuses ou les tracteurs. Un joint souple spécifique, de type “mexphalt” a été mis en oeuvre afin d’absorber les contraintes mécaniques sans risque d’arrachement des matériaux. Enfin, des emplacements de stationnement ont été réaménagés en bordure de la place, intégrés de manière discrète dans le projet global.

Les enfants ont participé au projet en construisant une cabane en saule vivant.
Intégrer une palette signature
Le réaménagement s’est aussi appuyé sur une volonté de valoriser le patrimoine végétal du village. Les mails de tilleuls, éléments emblématiques du paysage local, ont été conservés ou replantés selon leur état phytosanitaire. “Le mail longeant l’église a été prolongé afin d’instaurer une continuité paysagère cohérente et d’arrimer l’église à la place”, explique l’architecte et paysagiste-concepteur. Le thème de l’eau a guidé le choix de la palette végétale pour affirmer l’identité du village, situé au coeur de la vallée de la Vaucouleurs. Cela se traduit par la création d’une allée de saules autour du square de l’école, la plantation de saules tortueux sur l’ancienne emprise de la rue de l’Église, désormais piétonne et la mise en place de noues végétalisées à l’est de la place, composées de plantes hygrophiles et permettant l’infiltration naturelle des eaux de pluie.